Le Ministère de la Transition Ecologique définit la RSE comme « un concept dans lequel les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales, et économiques dans leurs activités et dans leurs interactions avec leurs parties prenantes sur une base volontaire ».
Les préoccupations économiques ont toujours été au cœur des stratégies des entreprises, et particulièrement de leurs actionnaires, mais la dimension sociale et environnementale n’est apparue que très récemment et son essor est fulgurant. Pas une seule grande entreprise qui n’intègre cette notion dans sa stratégie de développement, des embauches au beau fixe et des offres de formation professionnelle à foison.
On peut y voir une prise de conscience de l’impact d’une entreprise sur son environnement immédiat, sur la vie de ses salariés (la fameuse QVT), sur l’importance de l’éthique chez ses fournisseurs, etc…. Mais on peut y voir aussi une manière de gagner des parts de marché dans un monde où ces questions sont de plus en plus prégnantes et définissent de nouveaux comportements de consommation. Il peut également s’agir d’attirer une nouvelle génération de collaborateurs, ceux pour qui travailler dans une entreprise « à mission » est un critère loin d’être négligeable. La RSE serait-elle en train de devenir le « passage obligé » d’une entreprise qui veut rester dans la course tant auprès de ses clients que de ses salariés ?
Par ailleurs, est-ce bien le rôle d’une entreprise d’être « Responsable » ? Selon Friedman, non. Seuls les individus ont une responsabilité morale. Une entreprise, elle, n’a qu’un but : gagner de l’argent et, par voie de conséquence, en faire gagner à ses actionnaires ! Emmanuel Faber vient d’en faire l’amer constat : la RSE oui, mais les résultats économiques avant tout. Friedman : 1 Faber : 0.
Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins : d’un côté, la vision très capitaliste de l’entreprise poussée par des fonds de pension omniprésents dans les conseils d’administration, d’un autre côté, la vision d’une société en pleine mutation pour qui le social et l’environnemental doivent être au cœur des préoccupations.
La lutte risque d’être acharnée entre ces deux points de vue dans les prochaines années. La paix ne pourra peut-être se faire que lorsque la rentabilité économique découlera des performances écologiques et sociétales. Après tout, peut-être n’en sommes-nous pas si loin….